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Les séparations parentales en France
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Les Séparations Parentales en France

un exemple de gestion politique et de récupération judiciaire «insoutenablement légères».

Au niveau mondial, les deux problématiques identifiées comme étant à court terme les plus préoccupantes sont le respect des peuples et des individus fragilisés par les effets de la «mondialisation défreinée», et particulièrement par ceux des marchés, et la préservation globale de la nature.

Mais ici, en Europe, et en France, notre phase sociale est elle-aussi marquée par quelques tendances d'ailleurs tout-à-fait compatibles avec la logique de cette mondialisation non maitrisée, tendances entrainant des réflexes individuels propres à favoriser et entretenir la désagrégation des liens inter-humains. Citons-en trois:

1) une individualisation des destinées, qui peut souvent entrainer un réel isolement, que perçoivent d'ailleurs avec désarroi de plus en plus de personnes, malgré toutes les prises en charge «techniques», et même malgré leur ancrage social à travers l'emploi. L'observation de ces individus de plus en plus isolés, voire précarisés malgré asssitance sociale, nous pousse à reconnaitre que des groupes informels, ou des nouvelles «classes», qui ne se vivent pas comme telles, existent toujours, mais ne sont plus constitués par des individus soudés, et n'appartiennent plus aux catégories socio-professionnelles facilement identifiables il y a encore deux décennies;

2) une dérive psycho-judiciaire généralisée: les réponses institutionnelles apportées aux problèmes humains et surtout inter-humains impliquent de plus en plus les recours simultanés à la justice et à divers techniciens psychothérapeutiques, eux-mêmes en perpétuelle quête de valorisation et de modernisation de leurs discours. Le récent rapport interministériel de lutte contre les sectes a salubrement mis en garde contre les manipulations et exploitations para ou pseudo-sectaires que certains «professionnels», aussi divers qu'incontrôlés, se réclamant de prodiguer des «soins» du psychisme, peuvent provoquer, avant tout dans leur intérêt personnel objectif, dans une population fragilisée ou désemparée;

3) une facilitation des coups de force catégoriels, ou plus exactement des prises de pouvoir corporatistes, lesquels sont venus, dans le vide relatif des solidarités, se substituer aux anciens rapports de force classiques et peut-être plus équilibrés que vécut la génération précédente. En effet, si certains mouvements tentent encore, de moins en moins efficacement, d'élargir leur zone de représentativité (comme par l'intermédiaire des fonctionnaires, par exemple), les mouvements qui «gagnent» et font parler d'eux sont à présent souvent des corporations organisées et nettement privilégiées (comme les auxiliaires de justice), ou en désespérance (comme un certain monde agricole). La saine confraternité des professions encadrées par une déontologie s'est peu à peu rapprochée du simple corporatisme, et de très nombreuses professions se réclament par ailleurs à présent d'une «déontologie» informelle, venant aggraver la dénaturation de ce type de codes d'exercices professionnels...


Ces trois tendances entrainent fatalement des risques sociologiques majeurs: -une rupture des liens sociaux,
-une prise en charge inadaptée des individus en souffrance, même si cette prise en charge se pose, avec un peu trop d'élégance tactique, comme «individualisée»,
-et enfin, un décalage perturbant et de plus en plus marqué, entre besoins sociaux globaux insatisfaits et revendications catégorielles ou corporatistes beaucoup plus écoutées.

Il est «insoutenablement» paradoxal de constater que la corporation la plus libérale et la plus protégée de France se greffe de façon obligatoire sur la problématique par excellence sociale des séparations parentales, vienne entrainer des dépenses exorbitantes dans des foyers devenus mono-parentaux, où le risque de paupérisation est accru, et vienne générer et entretenir des conflits artificiels mais incontournables dès qu'ils sont enkystés en justice, précisément au moment où les enfants ont avant tout besoin d'apaisement bi-parental et d'aides sociales généreuses et équitables à leur bénéfice.

Le mot «collectif» fait à présent très peur, comme les mots "morale" ou "conscience", à tel point qu'évoquer ces concepts fait très souvent apparaitre comme traduisant une approche soit réactionnaire, soit grossière ou au mieux "ringarde" des personnes, de la politique ou de la vie sociale...

Et pourtant l'Homme est avant tout un être social, et c'est en justement en privilégiant cette voie sociale, certes adaptée aux évolutions des moeurs, que nous pourrions faire renaitre des liens, apaiser et surtout prévenir les conflits, laisser s'épanouir les individus les uns à côté des autres et non les uns contre les autres, et tendre à redonnner aux valeurs de liberté, de fraternité et d'égalité les lettres de noblesse qu'elles ont trop souvent perdues.

Pour prévenir les nouvelles formes de délinquances (celles qui sont identifiées, comme celles qui restent à mieux reconnaitre), on oppose sans fin l'outil de la prévention et celui de la répression, d'ailleurs comme on oppose à cet égard les stratégies politiques de gauche et de droite, d'une façon de moins en moins comprise dans l'opinion.

Or ce remède "bi-thérapique" à une maladie de l'organisation sociale restera inefficace quelles que soient le "mélange des doses", tant qu'on ne s'attelera au fond du sujet, en considérant les erreurs sociétales commises à la source, par excès d'idéologie et de captation mercantile indue des problématiques par essence sociales, erreurs entrainant des désordres que je compare aux malformations génétiques induites par exemple par une substance carcinogène ou géno-toxique: prévenir et soigner après les dégâts est une chose nécessaire, mais supprimer la pollution à la source pour assainir l'avenir est la seule attitude écologique et logique.

En matière de vie de famille, il est évident que c'est pour satisfaire une catégorie professionnelle d'ailleurs montrée de mieux en mieux comme refusant ses propres responsabilités, que les parents en sont encore à être jugés et meurtris plutôt que d'être aidés, et ce au moment-même où leurs enfants en ont le plus besoin, c'est-à-dire au moment de la séparation.


Il est à présent clair également, pour des dizaines d'associations et des millions de personnes, que sous couvert de "débats" (mot dont la racine implique l'action de se battre), qui seraient "personnalisés", c'est une incitation à l'exploitation inter-parentale et une régulation monomorphe qui se sont confortablement installées en trente ans. On aura du mal à faire prendre cette régulation pour une situation naturelle, et l'on aura autant de mal à la faire passer pour un exemple positif à destination des enfants, emportés passivement dans ce vent de procédures objectivement disqualifiantes et meurtrissantes pour l'un des parents, et privilégiant objectivement l'autre, ce qui n'est pas moins contre-exemplaire... Dans un tel climat de recomposition familiale forcée, faire croire que les millions d'enfants concernés directement sont élevés dans la sérénité tient de l'imposture, et ne rien dire ni faire pour améliorer le sort de ces millions de gamins tiendrait de la lâcheté.

Il est aussi certain que la délitescence des liens sociaux les plus fondamentaux entre générations a été artificiellement facilitée, en dehors de toute logique et de tout art de vivre en société, à la phase la plus cruciale de la construction des individus, c'est-à-dire durant leur éducation familiale, entre 0 et 7 ans, déformée qu'elle fut et reste au prisme des plaidoiries parfois très douteuses, et au profit de plaideurs qui ont collectivement oublié qu'ils étaient avant tout des parents, au lieu même que l'on appelle paradoxalement "palais de justice" et "chambres familiales", et sous couvert des devises d'égalité et de fraternité entre citoyens, devises largement méprisées dans ces chambres d'exception républicaine, ainsi que je l'ai démontré dans mon livre "les séparations parentales: l'impasse judiciaire (souffrances humaines contemporaines-Propositions sociales et juridiques concrètes").

A l'examen de ces paradoxes, comment ne pas mieux comprendre la montée de certains troubles cognitifs entre générations, l'apprentissage trans-générationnel des haines et des exploitations, et les stériles réflexes psycho-judiciaires contractés par engrenage dans un cercle vicieux, quand le bon sens, le respect de l'autre et l'ensemble des règles de base de l'éducation civile sont battus en brèche?

Il suffirait d'un peu de générosité sociale pour économiser chaque année des centaines de milliards de francs, des "tonnes de souffrances" enfantines et parentales, et des empilages monstueux de dossiers mal-traités par une institution incompétente pour apaiser ce problème et irrespectueuse des conventions humanitaires ratifiées (confer les propositions contenues dans les trois dernières pages de mon livre).

Qu'attendons nous pour remettre, au niveau fondamental de l'apprentissage de la vie civilisée, un peu d'ordre dans la cité?

Qu'attendons-nous pour transférer salubrement et massivement dans le champ réellement social, une problématique humaine qui est iniquement laissée à la merci d'un secteur libéral inadapté et couteux, protégé par une institution judiciaire trop souvent dévoyée de ses missions réelles?

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